Dans tous les cas de figure, les Européens n'entendent pas remettre en cause leur approche multilatérale en matière de libéralisation des échanges.
En outre, une adaptation de leurs propositions en matière agricole devrait rester à priori marginale d'ici la reprise des pourparlers de l'OMC, mi-décembre à Genève. Les Quinze estiment en effet avoir déjà fait suffisamment d'efforts en réformant au forceps fin juin leur politique agricole commune (PAC).
Au terme de deux jours de conclave informel avec ses collègues, le ministre italien de l'Agriculture Giovanni Alemanno, dont le pays préside l'UE jusqu'en fin d'année, a souligné lundi à Taormina (Sicile) que la Commission européenne était encore "en train d'analyser" les raisons de l'échec de Cancun.
"D'ici quelques semaines, elle sera en mesure d'indiquer au Conseil (des ministres européens) quelle est sa proposition pour une nouvelle ligne de négociations", a-t-il indiqué.
"En novembre, il sera possible de remettre la question à l'ordre du jour pour déterminer notre comportement au Conseil général de l'OMC le 15 décembre à Genève", a ajouté M. Alemanno.
"Nous devons réfléchir aux moyens de rendre plus probable que les négociations débouchent sur un succès", a déclaré de son côté le commissaire européen à l'Agriculture Franz Fischler, qui n'a pas masqué ces derniers jours son pessimisme sur une relance rapide des pourparlers à l'OMC.
Les ministres européens ont "unanimement regretté" à Taormina l'échec de Cancun, que l'Allemande Renate Kuenast a qualifié de "gifle pour tout le monde". "Un accord agricole était largement à notre portée", a déploré la Britannique Margaret Beckett.
Le Français Hervé Gaymard a regretté que la question des pays en développement, pour lesquels l'UE défendait l'idée d'un "traitement spécial différencié" n'ait "même pas été abordée" lors de la réunion mexicaine.
Le dossier agricole, le plus épineux des pourparlers engagés par l'OMC en novembre 2001 à Doha (Qatar), n'a été qu'effleuré à Cancun, la conférence ayant auparavant buté sur les sujets dits "de Singapour" (investissement, concurrence, marchés publics, etc).
Les Européens ont réaffirmé à Taormina leur "conviction" de "la nécessité de progresser dans le multilatéralisme et de ne pas céder à la tentation de revenir aux accords bilatéraux". Ils ont appelé leurs partenaires "à trouver un point d'équilibre entre les exigences de libéralisation du marché et les politiques de soutien à l'agriculture".
"Il faut une gouvernance mondiale en matière commerciale", a défendu Hervé Gaymard, en se félicitant de l'"unité" de l'UE "avant Cancun, pendant Cancun et après Cancun".
Sur l'éventuelle adaptation de la position européenne d'ici au 15 décembre, MM. Alemanno et Fischler ont réaffirmé le refus des Quinze de voir plafonnées les aides non nuisibles à la concurrence, classées dans la "boîte verte" de l'OMC.
C'est notamment pour faire passer dans cette "boîte verte" une part croissante de leurs subventions agricoles que les Quinze, après un an de bataille interne, ont décidé fin juin une réforme drastique de la PAC.
Appelant l'UE à "arrêter de raser les murs", Hervé Gaymard, dont le pays est la principale puissance agricole de l'UE, a estimé qu'il n'y avait "aucune raison de modifier la proposition européenne". "Elle est là, sur la table. On ne va pas faire de modifications au coin d'un bois", a-t-il déclaré. |